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2 août 2015 7 02 /08 /août /2015 19:06
Le Danube a Budapest, c'est quelque chose. La Seine à Paris à côté, c'est un ruisseau.

Le Danube a Budapest, c'est quelque chose. La Seine à Paris à côté, c'est un ruisseau.

Sur le frigo de l'auberge qui m'accueillit cinq jour, cet autocollant qui me frappa : "life begins at the end of your confort zone". Cela me fit sourire un peu lorsque je rangeai ma bouteille de jus d'orange et mes pêches. Mais c'était tellement vrai. C'était un peu la vraie raison pour laquelle j'étais parti seul en Hongrie. Mais la liberté a un prix, il faut bien payer un peu.

Budapest

Premier soir.

J'erre dans le centre, sans but. J'observe les gens. Je tombe par hasard sur une pizzeria qui m'a l'air honnête. A côté de moi, trois blondes qui parlent anglais. Des ex-erasmus qui se retrouvent pour un voyage en Europe centrale. Je demande un verre de vin. On me fait goûter du blanc et du rosé. Je prends le blanc. On me sert un énorme verre parce que c'est comme ça. Les filles rigolent de mon accent "I was not expecting such a big glass". Cependant, le vin est bon. Comme je complimente la serveuse sur son vin (je risque pas de la complimenter sur la pizza), un type à côté commence à engager la conversation. "-Evidemment que notre chardonnay est bon !". Le type est avec une fille, je les ai vu s'embrasser avant. Nous parlons, nous rigolons même, le courant passe et au bout de vingt minutes, ils m'invitent à leur table.

Lui : 35 ans environ, travaille dans la logistique et écrit des poèmes quand il est amoureux.

Elle : une future prof d'anglais qui parle mois bien anglais que moi. Du charme.

Ils m'invitent ensuite à continuer dans un autre bar, j'accepte. Ils m'offrent alors de l'alcool de prune local. Nous parlons, art, comment sont les femmes à Paris, création,... Des gens assurément sympathiques.

Budapest

Curieux : voyager seul dispose à parler plus facilement aux gens. Nécessaire ? Ce matin, petit-déjeuné dans un hôtel de luxe pour 7 euros. Laissé des miettes de chocolat sur la table et donné 200 florins en guise de pourboire, c'est le tarif. A midi, déjeuné dans un restaurant typique d'une spécialité au sarrasin, à la saucisse et la tomate. L'après-midi, free walking tour, très intéressant, avec beaucoup de jeunes comme moi qui découvrent la ville.

Je m'ennuie un peu aujourd'hui. Le musée que je voulais voir n'est pas adapté pour les touristes français. Il fait chaud. Je lis un peu Camus dans un parc. Il parle bien de ce que je ressens alors dans ce voyage solitaire "l'homme est face à face avec lui-même : je le défie d'être heureux...et c'est pourtant par là que le voyage s'illumine". Et puis ce hongrois qui m'accoste et me demande si je suis gay. Je réponds que non. Lui : -je suis gay et célibataire...

Ce goût parfois amer de la solitude.

Et cette heure du soir où les filles sont belles.

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24 octobre 2014 5 24 /10 /octobre /2014 21:18
Isafjordur

Mercredi 24 septembre. Jour le plus pluvieux de mon voyage. Mauvais temps, bien prévu, bien redouté et bien observé. Pour autant je ne fus jamais trempé, encore moins jusqu'aux os malgré les trombes. Je veux rappeler ici que j'étais au volant d'une voiture japonaise bien fiable, qui ne m'a pas lâché même dans les pistes les plus caillouteuses. Assez longue journée de route, à traverser des cols embrumés, et longer des fjords magnifiques. Folk islandaise (Svavar Knutur), cd acheté à l'hotel Djupavik. Ambiance ambiance...

Isafjordur

La pluie qui tombe fortement est liée à l'air chaud d'un ancien cyclone, c'est vraiment la pire configuration météorologique car ces pluies sont durables avec un énorme secteur chaud. Mon hôte à Isafjordur me confiera qu'ils observent rarement de la pluie aussi forte là-bas. Nous sommes à 66 degrés nord. Juste sous le cercle polaire.

Isafjordur

Isafjordur, capitale s'il en est, des fjords du Nord-Ouest, avec un peu plus de 2000 habitants. Pas un seul touriste dans l'auberge, je suis bien à mon aise, j'échapperai aux ronfleurs c'est déjà ça. Pour échapper à la solitude de ce jour pluvieux, je vais manger dans un bar restaurant (j'ai mangé ici un très bon bacon burger qui vaut largement ceux que l'on trouve à Paris) où deux islandais me tiennent compagnie. Je demande s'ils se plaisent ici. Jon aimerait revenir à Reykjavik. Admirable, cette nostalgie en chacun de nous. On trouvera toujours un citadin de Reykjavik prêt à gagner les fjords, et inversement, un fermier qui s'ennuie au pied de son glacier. Sans compter que pour moi, vu de Paris, Reykjavik est une sympathique bourgade.

Isafjordur
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15 octobre 2014 3 15 /10 /octobre /2014 12:22

Le romantisme, c’est l’irruption de la météo dans la littérature. Chaque poème est un bulletin. Le mauvais temps sévit. Le vent du Nord souffle assez fort.
C’est une littérature de plein air après une littérature de salon.

Jean d'Ormesson

Vers un bout du monde...

22 septembre. Il pleut beaucoup sur mon trajet qui met sans le cap au nord. Le mercure chute à 5°C dans l’intérieur : sublime ambiance automnale qui contraste avec les 25°C qui règnent en France depuis plusieurs jours ! Je fais 3 heures de route quasiment d’une traite pour arriver à l'auberge. Je connais la maison, elle m’avait déjà accueilli l‘an dernier. Je suis fatigué par le voyage et la météo plutôt contraire mais je ne me laisse pas abattre : j’avale en guise de dîner une salade de tomates et de thon à la mayonnaise, du quinoa aux olives, du saumon, une pomme et du skyr (le fameux fromage blanc islandais qui tient bien au ventre).

Vers un bout du monde...

Dans la salle à manger, deux allemandes m’observent engloutir mon repas, je leur donne 28 ans. Je parle avec l’une. L’autre sourit, mais reste silencieuse et je devine qu’elle complexe sans doute sur son anglais (du reste, j’aurais pensé que mon propre anglais pouvait décomplexer même une allemande perdue en Islande). Les deux filles reviennent d’Akureyri, où elles ont attendu deux jours avant que le temps ne leur permette de survoler le volcan en éruption. Les une heure et demi d’avion ont un prix (250euros) mais apparemment, elles ne le regrettent pas « It is definitely worth doing it ». A 21h, je profite du hot tub avec deux jeunes suisses allemands. L’un deux m’offre une bière du Danemark. L’autre fume. Une heure passe ainsi en gorgées de bière, en propos rares, nos têtes penchées vers les étoiles et les lumières du nord et nos corps immergés dans les eaux sulfureuses des entrailles de la Terre.

Some people claim that in silence of Iceland's wilderness, you come closest to hearing God.

Vers un bout du monde...

Le lendemain, je m'engage dans les fjords du nord-ouest proprement dits. Je me rends vite compte que j'ai un peu sous-estimé le temps que j'allais passer sur les routes islandaises car, dans cette région la plus isolée d'Islande, il y a beaucoup de pistes non goudronnées. Je deviens expert en évitement de nids de poule et ma vitesse chute parfois sous les 40km/h (je serre les fesses parfois car ma voiture de location est toute neuve). Je traverse des paysages somptueux, dont ni mes mots, ni mes photographies (parfois prises du travers de ma vitre sans bouger de mon siège) ne peuvent rendre compte absolument.

Vers un bout du monde...

Et puis, au terme de 3 heures de pistes dans des ambiances de bout du monde, où chaque virage méritait sa photo, j'arrive à l'Hôtel Djupavik, endroit improbable au fond d'un fjord magnifique, où les seuls habitants sont les tenanciers de l'hôtel. Enfin, "tenancier", je suis un peu sévère car l'homme qui m'accueillit était d'une gentillesse extrême. J'étais un des trois clients de l'hôtel ce soir là, et donc 4 dans le village pour la nuit dans cette ancienne usine de hareng désaffectée. Ce soir là, j'aperçus pour la première fois de mon existence danser les lueurs du nord dans le ciel. Je crus d'abord à de cirrus verts, et puis, m'éloignant des lumières de la ville, je dus me rendre à l'évidence.

Vers un bout du monde...

Rien de vaut la solitude. Pour être complètement heureux, il me manque quelqu'un à qui l'expliquer.

Sylvain Tesson

Quel luxe ! Je suis dans un endroit d'exception, j'ai un gîte de 10 personne pour moi tout seul. J'ai été euphorique ici, -vraiment-, de la même euphorie qui s'empare de vous quand vous êtes amoureux. Seule ombre au tableau, s'il en est : comme Sylvain Tesson depuis sa cabane au bord du lac baïkal, il me manquait peut-être quelqu'un à qui l'expliquer... Mais je sais que je reviendrai.

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6 octobre 2014 1 06 /10 /octobre /2014 20:37
Recours à l'islande

Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages : que je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche.

MONTAIGNE

Je reprends ce blog laissé à l'abandon depuis plus d'un an. Plus d'un an, mon Dieu ! Que de choses se sont passées en ce qui me concerne. Des choses insignifiantes souvent, belles parfois, méprisables aussi, dignes d'être vécues presque toujours. Et pour finir la perte de l'être aimé. Je n'écrirai pas davantage là dessus. Il faut bien vivre.

Je ne renonçai pas cependant à partir en Islande, et je fis bien. J'ai déjà dit quelque part qu'on a tous une géographie qui correspond à un tempérament. Je connaissais déjà un peu l'Islande, et je savais que je ne serais pas déçu.

Géographie amoureuse : je préfère les plages de galets ou grelottent des gens en pull de laine, aux friteuses de sable couvertes de corps huileux.

Sylvain Tesson

Recours à l'islande

Le lecteur me pardonnera de donner trop de citations : ce n'est point pour paraître érudit (la culture c'est comme la confiture...). C'est pour exprimer plus joliment ce que d'autres ont su mieux énoncer que moi, et qui m'émeut, quand je le lis. C'est un plaisir que je redécouvre dans la lecture, pas seulement de philosophie, mais de roman aussi. Certes, il ne faut pas idéaliser la lecture. La vie vaut mieux. Et c'est plutôt bon signe si je n'ai lu que la moitié d'un roman lors de mon voyage d'une semaine en Islande. Voilà justement un court extrait du roman un peu poétique de l'auteur islandais Jon Kalman Stefansson (Entre ciel et Terre).

Recours à l'islande

On ne dort pas de la même façon en pleine mer qu'ici, dans ce Village posé à l'extrémité du fjord, entre ces hautes montagnes, en réalité au fond du monde où la mer devient parfois si douce qu'on descend pour la caresser.

Jon Kalman Steffansson

Recours à l'islande

Le recours à l'Islande, c'est de savoir que quelque part sous le cercle polaire, il est une île battue par les vents où l'on peut trouver assez facilement de la solitude, du froid, du dépaysement, et un semblant d'aventure et d'excitation que procure le voyage. On pense à Sylvain Tesson et sa recherche dans les forêts de Sibérie de ce qui demain deviendra un luxe : l'espace, le froid et la solitude... Vraiment, cela aide à vivre de savoir qu'il y a un endroit sur Terre -parmi d'autres- où l'on peut trouver refuge.

Recours à l'islande

J'ai donc pris la direction des fjords du Nord-Ouest en cette fin septembre. C'est la région la plus isolée d'Islande, encore relativement épargnée par le tourisme. Sur une carte, on a l'impression de doigts qui pointent vers le Groenland. Au point le plus proche, seulement 300 km séparent les fjords du nord-ouest du Groenland...

Recours à l'islande

Je suis parti seul, et n'en ai pas trop souffert. Je me supporte assez bien en fait. Heureusement dans un sens, j'en ai encore pour quelques années avec moi ! Du reste, il y a tant à voir ici, pas le temps de s'ennuyer. Je raconterai dans mes prochains billets quelques impressions de ce voyage... A suivre donc.

Et bon vent !

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12 juin 2013 3 12 /06 /juin /2013 21:10
"Et toi mon coeur pourquoi bats-tu ?"(Appolinaire)

islande-0057--2-.jpg8h30 du matin, il est tombé un peu de pluie cette nuit mais le vent sèche déjà la toile de tente. Me voilà donc à prendre le petit déjeuner. Ce n'est que le troisième jour et déjà, le fromage blanc islandais, ou Skyr, est devenu le rituel du matin. En réalité c'est un rituel du matin et du soir, voire parfois du midi. J'en ai pris à différents parfums, c'est plus consistant qu'un yaourt français et cela cale bien. Dans la salle à manger du camping, il y a Jean-Claude, un français venu faire de la moto en Islande. Ce vieux routard a embarqué au Danemark pour venir en Islande en bateau avec son engin en fond de cale. En me sortant sa carte griffonnée, il me dit que vers le nord de nombreuses pistes sont fermées à cause de la neige, chose que je devrai découvrir par la suite...

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Je quitte donc Akureyri, et gagne assez rapidement la région du lac Myvatn. Il y a 80km, que je ferai en 3h. Je passe un col enneigé à 500m d'altitude (tout va bien) et m'arrête à la cascade des Dieux, "Godafoss". Cette chute fut nommée ainsi puisqu'à l'adoption du christianisme, un diseur de loi islandais aurait jeté ses idoles dans l'eau... Devant tant de beauté, je marque un temps d'arrêt. Ici la nature est très belle, mais une d'une beauté à l'état brut et aussi magnifique qu'impitoyable. Vers midi, philosopher me donne faim : je mange mon sandwich à l'abri du vent frais dans la voiture avec vue une vaste plaine.

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Je gagne le lac Myvatn et là, je suis sur une autre planète, déjà que j'avais des doutes...Je découvre une région qui tient du miracle géologique autour du deuxième plus grand lac d'Islande. J'entreprends quelques balades le long du lac puis fais l'ascension d'un cratère d'explosion vieux de 2500 ans. Il me faut 15min pour monter et la vue est superbe. A tel point que le soir, vers 22h, je décide d'y refaire un tour pour profiter du ciel du soir. Je foule les roches volcaniques. Je m'arrête, constate que mon coeur bat. Quelle ivresse je connais là, seul, à évoluer sur le cratère. Je sais que cela ne suffit pas. C'est l'erreur, peut-être -mais qui suis-je pour juger?- de Christopher McCandless en Alaska, d'avoir fait de son idéal esthétique un absolu... Idéal romantique illustré par ces vers de Byron : "There is a pleasure in the pathless woods, There is a rapture in the lonely shore..." Mais le réel vaut mieux que le romantisme. Je continue mon chemin.

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Il est 23h, la lumière du soir est excellente, je voyage à travers des paysages teintés de tons rouge, noirs et blancs. La glace se mêle au feu dans avec son parfum de souffre. Des fumerolles avec de forts dépôts souffrés m'entourent. Je sens que la Terre vit, bout littéralement à l'intérieur. C'est la première fois que je ressens cela. Ambiance étrange d'éruption volcanique imminente, les Portes de l'Enfer, si elles existent, ne sont pas loin. Dieu seul sait où ce soir là je me baladai... 

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"J'appris que l'errance est une tension nécéssaire à la construction de l'individu. ll pousse à chaque instant les voyageurs à faire des choix conscients entre leur limite et leur instinct". Sébastien Jallade, L'appel de la route. 

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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 14:15
(Islande)

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<<"Look", my father said. "Look at the lava". What's there to see ? It's just lava, I thought. (...) What is the big deal ? Endless lava, endless moss. Endless wilderness.

"Look at this volcano lake. Feel the peace and quiet. And it's a great place to catch some Salmo trutta" said my father. 

Salmo Trutta ? Give me a hamburger and French fries. (...)

Driving on, boring boring. 

"Listen to the silence."(...)

The island of adventure was right in front of me. It was too close to see and sense its magic. It was home. And still is.

Look. And see.>>

Arni Thorarnisson, extrait de préface du livre Iceland small world.

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J'ai accompli un rêve. Pas un vieux rêve comme certains vous le diront, mais un rêve quand même. Je suis parti découvrir quelque coin d'Islande, île mythique s'il en est, à cheval entre Amérique et Europe, proche du cercle polaire. Au fond, c'est la même ferveur qui m'a poussé à aller en Colombie britannique, sur l'île de Vancouver, ou encore en Alaska.

"On ne choisit pas ses lieux de prédilection, on est requis par eux. (...) Il existe toujours une géographie qui correspond à un tempérament."

Michel Onfray, Théorie du voyage

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Donc je suis parti pour sept jours en Islande, un voyage assez court, essentiellement pour des questions de budget car j'ai loué seul une voiture. Je suis parti seul même si à la base j'aurais préféré partir avec un compagnon. A deux il me semblait que ce fût idéal. Mais finalement l'expérience a été bonne et je ne le regrette pas. Si j'avais attendu quelqu'un, sans doute ne serais-je pas parti avant l'été prochain... Je n'aurais pu attendre... Du reste, je me suis focalisé sur la partie nord de l'Islande. J'ai donc une bonne excuse pour y retourner afin de voir le Sud, peut-être plus tôt que je ne le pense, et cette fois, qui sait, accompagné. 

islande-0218--2-.jpgLe premier jour a été plutôt fatiguant après un lever un 5h, le vol à 8h et une arrivée à 9h15 locales (décalage de deux heures) en Islande. Je récupère rapidement la voiture à côté de l'aéroport sous une pluie battante et un vent fort. Il doit faire 8 degrés, un temps normal à Paris en février. Je fais les 50km qui me séparent de la capitale la plus septentrionale du monde, Reykjavik. En dehors de la deux fois deux voies, visions surréaliste de champs de lave. Je me crois sur la lune, enfin sur une voie rapide sur la lune. Très vite, une éclaircie apparait, laissant transparaître la neige des fjords au loin.

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Je trouve refuge dans un petit boui-boui sympa devant le port où je commande un hamburger avec frites, pas de la grande gastronomie (de toute façon les restos sont hors de prix ici) mais providentiel après un petit déjeuner déjà bien loin. A côté de moi je rencontre un français qui a encore plus faim que moi et commande un dessert au chocolat qu'il a tôt fait d'engloutir. Il y a également des jeunes islandais qui ont l'air coutumiers des lieux et de nourriture américaine également... Je ne fais pas de vieux os dans la capitale et file direction plein nord. Ah le nord, que ne nous a-t-il pas fait rêver !

islande-0069.jpgLes 200km de route qui m'emmènent à l'auberge sont pour moi étranges avec la fatigue et la solitude des lieux désolés que je traverse. Je mets parfois 15min avant de croiser une voiture... Je pense à Sylvain Tesson que je cite de mémoire "Le silence, le froid et la beauté seront le luxe de demain.". Je m'arrête souvent pour prendre des photos, je teste mon filtre neutre sur une cascade assez banale le long de la route. Je laisse la voiture ouverte quand je m'éloigne un peu. Qui voudrait d'une petite dodoche comme j'ai ici ? Et puis, et enfin, vers 19h, je trouve mon auberge, simple mais très sympathique. Une très bonne soirée ici avec la compagnie de retraités anglais qui m'offrent un whisky, celle d'un écossais de retour des fjords du nord-ouest, et deux français qui finissent le tour de l'île. Dans un petit bassin (hot tub), l'eau des sources chaudes permet un bain gratuit à toute heure, devant l'eau de l'arctique. Je ne me fais pas prier. L'eau a des senteurs de souffre (oeuf pourri). Quel bonheur !

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Je sors de l'eau, il doit faire 5 degrés, je suis dehors et devant moi un bout d'arctique, j'aime ces situations improbables, un véritable luxe. En vrai, le vent souffle si fort qu'on est sec en 30s, mais étant frileux de première catégorie, je vais me doucher dans une cabane dehors. A propos des bains chauds, je dis à un anglais qui vient de fêter ses 70ans "It's perfect before the night." Il me répond "Well, there's no night." Je ris. Pas de nuit ici, juste une soleil qui fait semblant de se coucher pendant deux ou trois heures. Je suis à presque 66 degrés nord !islande-0135.JPG

Le lendemain, je continue ma route vers Akureyri, la deuxième ville d'islande avec 17000 habitants, située au nord. Succession de paysages superbes, neige se retirant, beaucoup de chevaux. Je vais à la piscine de la ville le soir. Il fait 8 degrés, du vent. La piscine est extérieure, avec de l'eau bien sûr chaude, mais piscine extérieure tout de même ! Quand je pense qu'en France on attend qu'il fasse 25 degrés pour découvrir une piscine... Je me paye le luxe de nager 1km dans le bassin d'Akureyri. En brasse, à chaque respiration, je sens le frais sur mes cheveux et je vois les montagnes enneigées... Expérience unique. Unique comme l'obligation de se déshabiller sous la douche et de se frotter au savon aux parties explicitement indiquées : sexe, fesse, aisselles, pieds... Tout le monde le fait, ni une ni deux, je le fais. Cela me rappelle le Canada. Il y a tout un monde, des gros, des vieux, des jeunes, tous culs nus !  Je n'aurai pas de photo de la piscine même si ça aurait valu le coup, les appareils sont interdits.

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La suite, je continue mon périple vers la région du lac Myvatn. Tout n'est que succession de paysages magnifiques, de fermes isolées. Je ne m'en lasse pas. Un matin, je manque de perdre mes clefs de voiture, je les cherche pendant deux heures avant de les retrouver dans une poubelle. Plus tard, j'accuserai les esprits du lac ou quelques trolls passant par là. Et on ne sait jamais avec les elfes. Tout n'est pas scientifiquement expliquable ici. Il faut aussi demander si les pistes sont ouvertes, même si cela n'empêche pas de se retrouver bloqué comme je le fus à cause d'un col pas encore ouvert... "Moi qui le plus souvent voyage pour le plaisir, je ne me guide pas si mal". Montaigne, III, 9islande-0087--3-.jpg

Voilà pour une première partie de mon récit de voyage. Il y en aura une autre sans doute. A bientôt donc, lecteur, et bon vent !

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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 22:07

(Génie de Montaigne)

"Le 21ième siècle est plein de gens imbus d'eux-mêmes. Plongez une demi-heure dans l'océan virtuel des blogs, des tweets, des facebooks, des youtubes, des myspaces, et vous verrez surgir des milliez d'individus fascinés par leur propre personne et essayant d'attirer l'attention à grands cris. (...) Extrovertis dénués de toute inhibition, ils se regardent le nombril comme jamais ils ne l'ont fait". Sarah Bakewell, Une vie de Montaigne

"S'il y avait quelques hommes, quelques compagnons, à la campagne, à la ville, en France ou ailleurs, chez moi ou par les chemins, avec qui je m'entende bien et qui s'entendent bien avec moi, il suffirait de me faire signe, de me siffler, pour que j'aille, en chair et en os, leur donner sur le champ des Essais",  Montaigne, Essais,  III, 5

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Je lis depuis quelques temps, à mes heures perdues, un peu de Montaigne. Le Montaigne dont on a tous lu -ou presque- la préface des Essais au Lycée. C'est une lecture parfois un peu ardue, surtout dans nos temps d'impatience, mais qui en vaut la chandelle. J'ai découvert un homme qui se livre, qui se raconte. Un homme qui dit sa vie, non pas un homme qui dit comment on doit vivre. Il n'en est que plus humain, plus touchant. Au fond, Montaigne est le père des blogs. Il fut le premier à se livrer ainsi, dans ses nombreux Essais. Il nous dit par exemple, sans raison particulière, que le melon est le seul fruit qu'il aime, qu'il préfère faire l'amour couché que debout, qu'il ne sait pas chanter, qu'il complexe sur sa petite taille,... Et plein d'autres sujets, plus ou moins  profonds. C'est tout Montaigne, souvent grave, jamais sérieux, toujours léger, jamais dérisoire. Comment ne pas ressentir de la sympathie pour l'homme ? Montaigne écrivit pour lui, mais aussi pour toucher "quelques honnêtes hommes". Autrement dit, pas de blogs sans lecteurs...

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Dans deux semaines, je partirai en Islande. Je quitterai pour 7 jours la région parisienne et notamment la gare de Fontenay (première photo) pour des contrées nordiques. L'islande est  un endroit mythique s'il en est et depuis l'année dernière, je rêve d'y aller, comme à l'époque je rêvai d'Alaska. "On ne choisit pas ses lieux de prédilection, on est requis par eux." ,Michel Onfray,Théorie du voyage. J'ai un peu décidé sur un coup de tête de partir, en ai parlé à quelques amis qui auraient fait de bons compagnons de voyage mais tous déclinèrent, pour diverses raisons. Me voilà donc parti seul, enfin, je suis pas encore parti. "C'est une rare fortune mais un soulagement inestimable d'avoir un honnête homme, d'entendement ferme et de moeurs conformes aux vôtres, qui aime à vous suivre. j'en ai eu faute extrême dans tous mes voyages."Montaigne, encore. En ce moment je prépare un peu ce voyage qui sera de toute façon trop court pour tout voir, mais qui en appellera sans doute d'autres...

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Y verrai-je de la neige ? Sans doute encore au sol si j'escalade quelque volcan éteint (ou pas) mais j'espère tout de même que je ne la verrai pas trop tomber car comme je dois camper, c'est pas idéal non plus. Enfin, début juin, cela reste de toute façon envisageable. Envisageable comme la neige au printemps dans le Jura comme cette photo prise le matin de Paques à Chapelle des bois. Cette épaisseur de neige était notable pour un 31 mars, mais pas exceptionnelle. On fait tout un plat de la météo excécrable de ce printemps. Tout comme chaque année on redécouvre la neige en juillet sur les routes des Alpes au tour de France ou le brouillard en automne... Il y a des choses étonnantes dans la vie les amis, mais sûrement pas un temps pourri en mai qui est le mois le plus pluvieux statistiquement sur le Sud-Ouest et le Nord-Est du pays. 

100 5252En islande, je ne devrais pas voir d'arbres (comme ces bouleaux de la région de Lublin), quasi-absents de l'île à cause de son climat et des vents qui y règnent. Mais j'emmène mon appareil photo, et je compte bien vous faire partager tout ça très prochainement. Courage lecteur, et bon vent !

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9 août 2012 4 09 /08 /août /2012 14:39

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Je trouve enfin le temps, entre deux coups de brumisateur, d'écrire un peu. Parlons donc un peu de météorologie tiens, puisque cette actualité est brulante. Je ne résiste pas à citer une nouvelle fois Sylvain Tesson (Dans les forêts de Sibérie) : " Je ne mépriserai plus ceux qui parlent de la pluie et du beau temps. Toute considération sur la météorologie a une dimension cosmique. Le sujet n'est pas moins profond qu'un débat sur l'infiltration des services de l'ISI pakistanais par les salafistes."

 

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La vague de chaleur qui touche une partie de la France est incroyable par son intensité et parcequ'elle intervient après le 15 août, chose jamais observée dans les régions nord avec cette intensité! De nombreux records sont battus. Il n'avait simplement jamais fait aussi chaud dans de nombreux endroits, dont Paris, depuis août 2003... Et à l'échelle mondiale, on observe depuis quelques années une multiplication des épisodes de canicule, l'Europe centrale et les Balkans en juin, les Etat-Unis en juillet... Bref, rien de rassurant, tout cela est cohérent avec le réchauffement climatique. Comme Woody Allen, au sujet du climat, je serais tenté de dire : "En résumé, j'aimerais avoir un message un peu positif à vous transmettre. Je n'en ai pas... Est-ce que deux messages négatifs ça vous irait ?". Je pense, bien sûr, à la banquise arctique en passe de battre le triste record de 2007 d'extension minimale de banquise en septembre...

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Tout ça pour dire que j'aurais mieux fait de m'exiler en Islande et que 38 à Paris, c'est le sauna mis à disposition de tous... Je me demande comment font les Espagnols, pour supporter ces températures. Quant à moi, la fraîcheur me sied mieux.

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Le recours à l'Islande me parait une bonne solution en cas de canicule, pendant au moins plusieurs millénaires encore malgré le réchauffement climatique. Cette idée me rassure. J'irai sans doute au mois de juin 2013... Le projet est de faire une sorte de roadtrip photographique en 2 semaines.

En attendant, j'ai passé deux semaines dans les Hautes-Alpes pour faire de la randonnée, retrouver ma famille, et tester mon nouvel appareil photo. J'ai encore beaucoup à apprendre, la plupart des photos ont été prises en pleine après-midi, avec une lumière crue. Le résulat était parfois décevant avec des portions de ciel "brulé". Je dois également me procurer un pied. Enfin, voici un petit aperçu des ces montagnes magnifiques. 

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Au col, la frontière italienne et ses différentes bornes retiennent souvent le brouillard dans ces cas de Lombarde. Il semble que le brouillard se refuse toute visite en France, comme le long de cette crête, vers 2800m. abries-0199--2-.jpg Bisous à tous et bon vent !



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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 16:57

(L'âme slave)

à Marta ,

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Je suis parti à la recherche de l'âme slave à l'occasion d'un voyage en Pologne d'une semaine avec mon amie, une polonaise charmante. Premier jour à Cracovie, un de ces jour de juin pluvieux, ni trop froid ni trop chaud, bien au contraire... Sur la place du marché de Cracovie, des musiciens avec un accordéon, et un violon je crois. Peu importe, ils jouent, ils chantent, et c'est beau. Je m'arrête un peu devant un de ces chants slaves, au mélange si particulier de mélancolie et de gaieté non retenue. Comme sont nos vies finalement. D'Ormesson parle de la vie comme d'une "fête en larme". J'aime assez cette définition, s'il en est, loin de tout optimisme béat  Une fête en larme, mais une fête quand même.  

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C'est là qu'on retrouvera les paroles d'un des rares philosophes de la Bible. Il y a un temps pour tout sous le soleil, un temps pour rire, et un temps pour pleurer, un temps pour danser la mazurka, un temps pour aimer et un temps pour quitter. Tout un monde dans une chanson slave. 

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 Je n'ai jamais été si à l'est. Moi qui ai couru toujours plus à l'ouest l'année dernière en Alaska, moi qui me croyais même de l'autre côté du détroit de Béring dans les rues d'Anchorage, me voici du côté où le soleil se lève. Le jour pointe à 3h30 en juin c'est surprenant. J'ai l'occasion de manger local, c'est très bon, un peu gras mais c'est ce qu'il faut pour mon régime il parait. Je signe tout de suite. Nous entrons dans des restaurants, dans des pubs, je mange des Pierogi, après la soupe, toujours... Je bois de la vodka. Marta rit. J'ai compris comment la boire maintenant. Dans les rues de Lublin, sous le passage d'une ruelle étroite, une silhouette encapuchée joue de la flûte. Je m'arrête un peu. Je crois que je l'ai trouvée. L'âme slave se cache sous une capuche verte.

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En Pologne aussi, il y a des montagnes magnifiques avec des neiges éternelles. Et c'est un réel plaisir de se promener au lac appelé l'oeil de la mer. La poétique de la géographie continue jusque dans les montagnes carpates... Bon vent ! 

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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 21:37

(le skieur et l'oiseau)

Photos Ruben La Plagne 2012 125

"Tout le monde n'a pas la chance de naître avec le gypaète" m'expliquait un montagnard, la trentaine, dans un de ces oeufs qui vous emmènent au glacier. Ce parapentiste chevronné montait au sommet du domaine skiable pour descendre jusqu'au val d'Aoste. Son but : pouvoir observer le faucon le plus grand d'Europe dans son vol. Attention, n'approche pas le gypaète qui veut ! Chaque oiseau vole avec les congénères de sa propre espèce...

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Voler avec le gypaète doit être un de ces plaisirs simples comme apercevoir cette gloire au dessus de la mer de nuages. Il y a peu d'élus.

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Le ski alpin, c'est une chose entendue, est un sport à sensation potentiellement fortes. Plus c'est risqué, mieux c'est. Avant, on avait la guerre pour échapper à l'ennui (idée qu'on trouve chez Alain), maintenant, les riches vont au ski et descendent les pistes noires.

"Je vois des mémères dans les stations de sport d'hiver qui feraient mieux de faire de l'avalanche que de faire du ski." Frédéric Dard.

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J'aime le ski alpin mais il me semble que je préfère encore le ski de fond et sa philosophie simple, plus authentique, plus proche de la nature : plus libre -dans un sens-. Comme l'oiseau qui n'a pas besoin de télésiège. Sagesse du gypaète. Bon vent !

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